Le fou

Une marre de sang s’étalait partout… Elle grandissait, elle ne partait pas. L’odeur devenait très forte, pourtant ce jeune fou ne la sentait même pas. Il ne voyait que sa lame, incroyablement belle et féroce. Elle était rouge, rouge comme son propre sang. Elle avait été forgée pour lui.

Il avait l’impression de toujours avoir été fou. Que ce soit dans le ventre de sa défunte mère, ou quand il portait des couches, ou bien encore quand il avait grandi… Il était fou depuis l’éternité. Une folie dévastatrice, incontrôlable.

Tout commença le soir de sa naissance. Il était déjà doué d’une mentalité lorsqu’il sortit du ventre de cette pauvre mère. La mentalité du tueur.

Une fois sortit du ventre de sa maman, il vit un scalpel déposé sur la table d’accouchement. Sans savoir comment ni pourquoi, il prit le scalpel et égorgea sa mère avec. Il prit un malin plaisir à voir le sang gicler, couler de son cou…

Il quitta l’hôpital sans se faire remarqué, comme un fuyard. Son père était déjà mort depuis quelques mois. Quelqu’un lui avait tranché la gorge. Son corps partagé en deux parties avait été livré à la maison. Il avait vu les deux parties… Il voyait tout. Les yeux de sa mère avaient été comme les siens. Une fois qu’il avait obtenu deux yeux il n’avait plus besoin de sa mère ; elle était devenue inutile, tout comme les deux parties du corps de son père, qu’il brûla une fois rentré chez lui.

Ce bébé n’était pourtant haut que d’une quarantaine de centimètres, mais pourtant il était doté d’une malice incommensurable. Quand il se regardait dans la glace, il voyait deux yeux… Ils étaient gros et songeurs. Il se donna un nom, un nom qu’il aimait, un nom qui pour lui signifiait la folie… Il se fit une entaille sur le bras avec le scalpel de l’hôpital puis écrivit son nom sur la glace, avec son propre sang. Une fois l’œuvre achevée, on pouvait y lire : « Ryuzaki »

Un sourire se forma sur son petit visage. Il commençait sa longue vie de tueur en série. Mais il voulait grandir un peu avant de poursuivre cette quête. Malheureusement il allait devoir rencontrer d’autres tueurs, beaucoup plus grands que lui… Il devait donc se perfectionner et prendre quelques kilos.

Quelques années plus tard…

Je ne pensais pas m’entraîner si longtemps, mais il faut dire que certaines personnes que j’ai croisées étaient vraiment trop fortes. Ils méritaient bien quelques années de mon entraînement en plus avant de mourir. Je n’y crois pas quand même… 17 ans que je lutte quasiment seul. Mais ils vont voir, personne n’en sortira vivant, je ferai comme j’ai fais pour ma défunte mère… Je vais les égorger, les égoutter jusqu’à la dernière goutte.

Il prit son épée, sortit de chez lui pour la première fois depuis quelques années… Il marchait la tête haute, son épée à la main, en attendant les victimes. Le sang allait couler, la lame allait étinceler…

Le garçon marchait dans les ruelles sombres. Il avait beaucoup combattu ces derniers jours. Il voulait prendre un peu de repos avant de poursuivre son ascension.

A chaque fois qu’il ne marchait plus, il prenait la précaution de nettoyer sa lame. Elle était tout pour lui. Il ne peut vivre sans elle. Quand il ne la touchait pas il était perdu. C’est elle qui l’a pousser à devenir plus fort, jour après jour au fil des années…

Il était intrigué de voir autant de personnes puissantes… Il était étonné de se retrouver au sol très souvent. Il ne comprenait pas qu’après 17 ans d’entraînement intensif il n’était pas capable de venir à bout de tout le monde…

Mais il fut vite retombé dans la réalité. Certains étaient beaucoup plus forts que lui. Il le savait, pourtant il ne voulait pas baisser les bras… Alors il continua son effort. Il voulait surpasser tout le monde, à n’importe quel prix, ou presque…

Certes, il savait que seul il ne pouvait plus avancer. Alors il décida d’observer les personnes. Il voulait trouver des gens qui auraient pu l’aider, lui apprendre des techniques rudimentaires. Un jour il fini par trouver. Il avait espionné Hotaru, un grand homme, chef de barbares alcooliques. Il savait que cet homme pouvait l’aider. Grâce à lui il intégra bien assez tôt leur communauté appelée : « Mibu’s ». Il se fit vite connaître au sein de cette communauté. Il devint ami avec les barbares.

Ceux-ci lui apprirent à boire. Et oui… Ryuzaki était devenu un alcoolique. Mais il n’aimait qu’une chose… La vodka. Il ne supportait pas l’odeur exécrable des autres boissons. Il s’amusait le soir à aller prendre un fût de vodka dans les réserves. Les barbares comprirent assez tôt que cette boisson leur était désormais imbuvable. Ils ne pouvaient plus l’approcher sous peine d’avoir un doigt coupé.

Ces nouveaux compagnons lui apprirent deux ou trois choses. Il se battait avec eux pour s’entraîner. Le pire c’est qu’il avait toujours été seul… Il n’avait jamais partagé cette intimité cachée… Il se sentait fort et vulnérable à la fois. Petit et grand. Gentil et méchant. Hors depuis sa naissance il voulait le chaos, le mal absolu… Il ne savait pas pourquoi tout à coup il devenait moins méchant… Mais il ne voulait pas être comme ça. Il se renfermait à nouveau de jour en jour. Un soir il sortit de leur repaire pendant la nuit. Tout le monde dormait. Il avait emporté avec lui un baril de vodka. Il avait sentit qu’avec cette dose quotidienne d’alcool dans le sang il était devenu moins faible. Il voulait se prouver à lui-même qu’il n’était pas devenu un gentil garçon. Il voulait faire couler le sang comme il le faisait autrefois. Il voulait voir les gens trembler de sueur tellement ils ont peur… Il voulait ressentir sa haine d’antan.

Il vagabondait dans le quartier à la recherche d’une proie… Il savait que certaines personnes ne dormaient pas la nuit. Il prit soin de ne pas faire de bruit en marchant, son baril en mains.

Les heures passaient, le noir était total. Il ne voyait rien et pourtant il venait de sentir une présence humaine tout près… Il l’entendit courir. Sa proie avait sentit une présence démoniaque… Elle fuyait, tel un lapin apeuré. Il trancha le couvercle du baril avec sa lame et vida à grande gorgées son contenu. Il avait tout bu… Il se sentait fort, très fort… Il ne couru même pas. En quelques pas il avait rattrapé sa proie. Il sourit en regardant la silhouette tremblante de l’homme qui était en face de lui. Il était bien plus grand, mais il était faible… Il était habillé tel un étudiant de la magie. Il prit sa lame dans sa main droite et d’un coup très violant, trancha la tête de l’autre homme.

La tête roula à terre pour venir se mettre contre le pied de Ryuzaki.

Pauvre vermisseau. Tu pensais pouvoir fuir ? Je voulais combattre… Tu ne t’es même pas défendu. J’ai tapé très fort mais tu aurais pu faire quelque chose…

Le corps sans tête tomba à genoux. Ryuzaki voyait ce pantin inanimé rester à genoux. Il ne pouvait pas croire que cette chose immonde lui avait servi de victime… Il ressemblait à un fantôme. Il était pâle…

Il trancha les deux bras du corps agenouillé et les emmena avec lui dans sa nouvelle demeure. Il lécha le sang qui coulait des deux membres avant d’accrocher les bras de ce personnage contre le mur. Son sang était chargé de magie… Il était très mauvais… Il fit une grimace avant de cracher la substance rouge au sol. Il ne comprenait pas… Il n’avait jamais eut ce goût… Etait-ce un magicien ? Il semblerait que oui… Seul des êtres comme eux pouvaient avoir un sang si mauvais.

Une fois les bras suspendus au mur le soleil se leva… Les barbares se réveillèrent et virent ce spectacle effrayant.

Dès cet instant Ryuzaki su qu’ils avaient peur de lui. Il était content de voir que sa soif de destruction n’était pas éteinte. Mais il ne pouvait en faire autrement. Depuis cet instant il continua son entraînement collectif. Il continuerait toujours, il savait qu’un beau jour les sacrifices allaient payés. Ce jour approchait… Il referma sa main droite contre le pommeau de son épée et regarda le ciel… Oui, un jour…

Son visage tremblait sous l’effort qu’il fournissait. Des gouttes de sueur tombaient au sol dans un bruit sec. Il était essoufflé. Une respiration saccadée se faisait entendre dans le calme de cette pleine lune. Au sol, il y avait une tête d’un petit dragon de couleur rouge. C’était le dernier qu’il voyait à l’horizon… Il allait pouvoir rentrer chez lui, retrouver ses compagnons.
Il rangea sa lame à sa ceinture et parcourut calmement les rues sombres et sinistres. Il avait grandit semble-t-il. Il s’était mesuré avant de partir le jour antérieur. Il était moins petit, il était presque de la taille des autres. Deux mètres ! Une hauteur assez noble pour un petit fou tel que lui. Il avait retrouvé sa haine passée. En dehors des compagnons qui étaient devenus proches de lui, personne d’autre ne méritait sa sympathie, ou presque… Un soir, alors qu’il tranchait des ombres malveillantes, il la vit. Une jeune femme dotée d’une beauté sans pareil. Il fut tellement ébloui par cette chose si jolie et dangereuse qu’il se retrouva au sol avec une meute d’ombres sur lui. La jeune femme le sortit de cette situation gênante… Elle avait des yeux pétillants. Dès que Ryuzaki la vit il ne pensait plus qu’à elle… C’était comme une obsession. Ainsi, il n’avait pas d’affection pour beaucoup de monde. Il ne voulait pas en avoir ni en donner. La haine sera son seul guide en ce bas monde. Il n’en sera pas autrement. La voie est toute faite, autant dans sa tête que sur sa route. Son épée le guidait toujours, il ne devait même pas réfléchir. C’était comme instinctif… Mais une personne lui donnait envie de se surpasser à chaque fois. Son chef. Malgré toute la sympathie que son chef avait pour les autres personnes vivant dans ce monde de moches, il était prêt à le suivre dans son chemin.

Il n’était plus qu’à deux bâtisses de sa demeure… Mais une fois arrivé il vit des formes indistinctes qui l’attendaient. Des personnes étranges… Il observait la scène avec prudence et mécontentement. Les étrangers profanaient des injures envers notre communauté. C’était affreux… Selon leurs dires ils n’étaient que des copieurs de techniques ancestrales. De bien jolies paroles venant de ces personnes. A priori elles aimaient la provocation… Mais un regard au chef me fit comprendre qu’il n’y aurait pas de sang. Pas ce soir…
Après quelques dernières paroles blessantes de la part des individus, ceux-ci partirent dans un tourbillon de feuilles.

Le petit fou s’était retenu durant les quelques minutes qui venaient de s’écoulées, mais à présent il déchargea toute sa colère dans un lampadaire. Celui-ci se retrouva au sol, coupé en plusieurs morceaux. Il laissa un grand cria sortir de sa bouche pour le soulager.

Ils paieront chef… Foi de Minu’s. Je ne vais pas laisser cette injustice se profaner indéfiniment. Si jamais vous tous voulez aussi éclaircir les choses accompagnez-moi !

Il regarda ses compagnons un à un… Il vit toute la détermination et la rage que ceux-ci éprouvaient. Il était heureux de voir que ces insultes ne continueraient pas…

Le petit homme pourchassa jour après jour les personnes qu'il avait vu l'autre soir. Il arrivait toujours quelques minutes après leur départ. Mais il n'abandonna pas, et un jour il réussi à les rattraper une fois pour toutes. Il les regardait d'un oeil mauvais,
Plein de haine et de froideur... Il tira son épée de son étui et enfonça la lame dans le coeur des crapules poisseuses. Une fois le travail terminé, il prit ce qu'il restait des coeurs des opposants et s'en alla. Il retourna offrir à ses amis les bouts de chair. Mais il avait perdu l'envie de se battre... Il s'enferma quelques jours dans une pièce dénuée de clarté. Il ne mangea rien, il ne restait juste que ses pensées et lui. Il ne sortit qu'une fois sa décision prise. Il regardait chacun de ses compagnons durant plusieurs minutes avant d'aller voir le grand chef. Le chef était toujours là, aussi fort et imposant...

Hota', cette dernière aventure a brisée quelque chose en moi. Je ne sais pas ce que c'est, mais ce que je sais c’est que mon avenir n'a plus lieu d'être, ni ici, ni ailleurs. Je vais quitter cet endroit qui est le vôtre. Je tenais à remercier ton soutient durant ce petit périple qu'on a vécu. A présent c'est l'heure... Je m'en vais.

Ainsi, il partit sans se retourner. Il avait perdu sa soif de sang, sa lame ne lui disait plus de mots doux, comme si elle aussi s'était brisée... Il décida de s'en séparer. Elle n'était plus rien pour lui, juste une épée comme les autres dorénavant. Il marcha paisiblement au village le plus proche. Arrivé là-bas, les gens courraient à sa vue. Il ne regardait même plus la peur des gens qui avant le délectait de plaisir. Il marcha jusqu'au vendeur d'armes. Il tendit sa lame au vendeur.

Prenez ma lame, monsieur. Achetez-la, ainsi je pourrai partir... Elle m'a laissé tomber. Je n'en veux plus ! Regardez, sa couleur me nargue, elle passe du rouge au vert...

Le fou s'affola et mit l'épée entre les mains de l'homme. Il prit un peu d'argent dans la caisse du vendeur, juste assez pour vivre encore quelques jours, puis s'en alla. Il s'installa dans un champ rempli d'arbres et de buissons. Il se sentait bien ici, bien pour y passer la fin de sa misérable vie... Il repensa à son existence. Il vit à quel point elle n'avait servit à rien. Il était heureux de laisser place à de temps meilleurs pour les pauvres gens.

Il passa trois jours à manger et à réfléchir. Il n'avait plus rien à manger, plus d'argent non plus... Il se coucha et cette nuit là, il rêva de sa mère qu'il avait froidement tuée... Ce fut son dernier rêve. Il ne se réveilla plus le lendemain, son coeur ne battait plus.

[Hrp: J'ai mis des semaines à me décider... Mais l'envie est venue d'une seule voix hier. Ainsi donc s'achève l'aventure. Bisous aux Minu's]